2015 : une année de transition
Membre fondateur du Festival sans nom en charge de la programmation des auteurs, le Mulhousien Hervé Weill sort la boîte à souvenirs. Retour cette fois en octobre 2015 où le festival se transforme en « Tout Mulhouse lit du polar », avec une participation accrue de la municipalité.
L’édition 2015 est un peu particulière dans l’histoire du festival…
C’est vrai que nous ne sommes plus du tout sur la même période de l’année. Les deux premières éditions avaient lieu au printemps, une date choisie parce qu’en automne, il y avait déjà Tout Mulhouse lit. On s’est dit que si on commençait une manifestation, on n’allait pas se mettre à cette date-là, c’est complètement ridicule. Mais en avril, on se situait pas loin de Quais du polar à Lyon et finalement, nous n’étions pas si bien placés que ça. Le festival en octobre, ça pouvait être pas mal, d’autant que nos partenaires nous suivaient toujours et qu’il y avait cette opportunité de créer quelque chose avec la Ville de Mulhouse.
Tout Mulhouse lit devient Tout Mulhouse lit du polar. Vous êtes face à une autre dimension, une autre organisation. Qu’est-ce que ça a impliqué pour vous ?
On s’entend très bien avec la mairie. On n’a même jamais aussi bien travaillé ensemble que depuis quatre, cinq ans. Le plus compliqué pour nous – et je pense que pour eux aussi – à l’époque, et ça, on ne l’avait pas vu venir, c’est que nous, Dominique Meunier, Luc Widmaier, moi, tous les gens qui ont aidé au début, via Entreprises & Médias d’Alsace, on avait l’habitude de prendre des décisions rapidement. En travaillant avec la mairie, on ne fonctionne plus de la même manière, ça a été compliqué de s’adapter à la vitesse d’exécution. Exemple avec l’image, l’affichage. Nous, on s’en fichait. S’il fallait mettre un peu de sang partout, on en mettait. Il a fallu qu’on apprenne, qu’eux apprennent. Et on a quand même réalisé de belles éditions, malgré nos différences, on s’est enrichi les uns les autres.
Il y a ces auteurs qui étaient là en 2013, en 2014 et qui reviennent en 2015…
C’est ce qui fait l’ADN du festival. Les gens qu’on aime bien, on les réinvite. Si en plus, ils ont du talent, on est super contents. Par contre, il faut éviter d’inviter les mêmes 30 auteurs chaque année mais ça, on ne l’a jamais fait !
C’est aussi la première année où le parrain est une marraine, à savoir Dominique Manotti. Qu’est-ce que ça change ?
Je ne crois pas que ça change fondamentalement la manière d’aborder le festival, bien que ce soit quelque chose à laquelle on tient. Une femme peut être marraine, il y en a eu d’autres et il y en aura d’autres. On ne s’est pas posé la question différemment. Dominique Manotti, elle venait avec une nouveauté et c’est une pointure. Elle a un style différent de ce qui se fait, elle est très dans le politique, le social, les affaires d’État, un genre pas fréquent.
Après l’année de « la continuité dans la lancée », cette année 2015, ce serait l’année de quoi ?
Bien que l’on garde le cap et l’ADN, c’est une année de transition avec le fait, nouveau, de travailler avec la Ville. Il a fallu s’adapter mais on a créé beaucoup d’événements, une nouvelle nuit du polar avec des classiques du polar noir, un concert de Marcus Malte avec une lecture de ses propres textes sur des morceaux de jazz au temple Saint-Étienne…
Une anecdote, quelque chose d’insolite que l’on n’avait pas relevé à l’époque, qui ne pouvait pas être écrit alors qu’aujourd’hui, il y a prescription ?
C’était une année de Coupe du monde de rugby et il se trouve que la France jouait le samedi soir. Nous avons eu énormément de difficultés à garder les auteurs avec nous. Tout le monde voulait voir le match et on avait réservé dans un restaurant où il n’y avait pas de télévision. On n’a pas insisté pour qu’ils viennent. Moi-même, si j’avais pu, je serais allé le voir sur un écran. Au final, les auteurs sont quand même venus manger pour la plupart. Comme quoi, le sport a eu moins d’impact que la littérature… ou que la gastronomie, plutôt !
Propos recueillis par Pierre Gusz
Photo L’Alsace/Vincent Voegtlin