Interview par le journal L’Alsace – Olivier Bal
« Quand on parle du festival entre nous, on a des étoiles dans les yeux »
Alors que les salons culturels étaient repoussés ou annulés les uns après les autres en 2020, le Festival sans nom mulhousien est passé entre les gouttes. Pour l’écrivain Olivier Bal, qui y participait pour la première fois et y reviendra en octobre, ce rendez-vous s’est révélé une « bouffée d’air frais ».
Olivier Bal, comment avez-vous traversé l’année 2020 ?
Je me rappelle que mon livre, L’Affaire Clara Miller, est sorti le jour de l’allocution du président de la République annonçant « la fin du monde des vivants ». C’était mon vrai démarrage chez XO éditions, j’y travaillais depuis un an et demi et puis… j’ai eu la sensation qu’on nous privait de quelque chose. Mon livre était en bonne position dans les rayons des librairies, avant que celles-ci ne soient contraintes à fermer. Ça a été un peu frustrant et, en même temps, c’était comme un baptême du feu, surréaliste, inédit, pour toute l’équipe de XO éditions comme pour moi. Ça nous a soudés. Au moment de la réouverture, le livre a été surreprésenté et mis en avant, avec une importante campagne de publicité, sachant que, chez XO, ils ne sortent que 20 à 25 livres par an. En tout cas, je me souviens encore qu’on se sentait impuissants. On ne voyait pas trop comment soutenir les soignants. Et puis, avec mon épouse, on a lancé le site faisuneblouse.com, qui a permis de coudre de nombreuses blouses et de les livrer aux personnels soignants. On a fait ce qu’on a pu, à notre petite échelle.
Le Festival sans nom étant l’un des rares salons à avoir lieu cette année-là, ça vous a paru comme une « bouffée d’oxygène » ?
Une vraie bouffée d’air frais, oui, sincèrement. Les écrivains alternent, en règle générale, les phases d’écriture solitaires et les phases de rencontre avec les lecteurs. Ces phases-là me nourrissent d’énergie. Les retours des lecteurs, ça fait un bien fou. On a été complètement privé de ça durant cette période. On voyait les salons et les festivals repoussés, annulés ; Une semaine avant, en octobre 2020, je ne pensais pas que ça tiendrait pour celui de Mulhouse. Et puis finalement, avec les autres auteurs, on a débarqué. Et c’était tellement… génial, en termes d’accueil, d’organisation, de profiter des autres auteurs et des lecteurs. Le contrecoup du truc, c’est qu’on a sans doute été intenable !
Pourquoi être revenu, en 2021 ?
D’abord, parce qu’il y a eu une rencontre humaine très forte avec les organisateurs, que ce soit Hervé Weill, Dominique Meunier, Carole Belda… Et puis pour le professionnalisme du salon et le menu, varié. Pour les à-côtés, comme la visite au zoo. Pour les copains auteurs, Henri Loevenbruck, Nicolas Lebel, Mathieu Lecerf… Le Festival sans nom, c’est toujours la garantie de passer des moments chaleureux. Les lecteurs de la région sont agréables et curieux, même s’ils n’achètent pas nos livres, ce qui n’est pas le cas partout.
Comment résumeriez-vous le Festival sans nom, en quelques mots ?
Des rencontres, des sourires, de la bienveillance, l’impression d’être chouchouté. Quand je parle de l’équipe d’un salon, je prends souvent l’exemple du Festival sans nom, car ce sont des passionnés, ils n’y gagnent rien, mais ils aiment faire ça et sont toujours à fond. Sans faire le lèche-bottes, je parcours les salons du polar depuis cinq ans et c’est l’un des meilleurs en France. Quand on en parle entre nous, on a des étoiles dans les yeux. J’ai pu jauger de l’investissement fou des organisateurs. Ils ont une passion infinie, incroyable, avec les auteurs comme avec les livres. Je me bats pour revenir parce que c’est la garantie de passer un super moment.
Vous faites justement partie des invités pour les 10 ans du festival, en octobre. Qu’en attendez-vous ?
Je ne sais pas encore comment je vais survivre au weekend parce que ça va être la folie. En plus, avec un Henri Loevenbruck aux manettes, il y aura cette touche de folie, quelque chose de très rock’n’roll. Le genre d’édition composée autour de gens passionnés, qui aiment passer du temps ensemble. Ça va être détendu, marrant. Et je sais déjà que je serai le premier à repartir avec des bouquins car je suis un grand fan de polars !
Vous avez par ailleurs été rédacteur puis rédacteur en chef de « Jeux vidéo magazine ». C’est quelque chose qui vous a servi pour l’écriture de polars ?
Je suis une vraie éponge et me nourris de tous les médiums. Très tôt, ce qui m’intéressait, c’était de raconter une histoire. Je préférais donc les jeux narratifs, pas les jeux multijoueurs. Ce qui m’a amené vers une écriture cinématographique, à la première personne, en immersion dans la peau du personnage. C’est peut-être un héritage de cette période. Après Playstation magazine, j’ai été au sein de Jeux vidéo magazine de 2000 à 2016, ainsi que rédacteur en chef du magazine pendant cinq ans. Quand j’écrivais des articles, j’aimais déjà beaucoup jouer avec la manière d’écrire…
Propos recueillis par Pierre Gusz
Photo Bruno Levy